C’est un éternel débat : couper le foin plus tard dans la journée améliore-t-il réellement sa qualité? La réponse est à la fois oui et non.
Si vous voulez savoir si le foin est de bonne qualité, qui de mieux placé pour vous le dire que les animaux eux-mêmes? Il s'avère que dans un certain nombre d'études dans des climats arides, les vaches ont démontré un choix clair : elles ont systématiquement sélectionné le goût et l'odeur du foin qui a été coupé l'après-midi.
Dans une recherche menée par l'USDA en Idaho, les animaux filmés évitaient le foin récolté le matin. Les études sur le terrain ont confirmé ce résultat : du foin de meilleure qualité résulte généralement des récoltes de l'après-midi, ce qui peut aussi être observé dans les analyses en laboratoire.
Un cycle quotidien
Des résultats similaires ont émergé d'autres études dans une panoplie de villes occidentales et les raisons sont directement en lien avec la biologie végétale de base.
La luzerne et l’herbe, comme toutes les plantes, se nourrissent par photosynthèse, convertissant la lumière du soleil et le dioxyde de carbone en sucres. Ces sucres sont ensuite décomposés par les cellules végétales en d'autres matières utiles grâce à un processus appelé respiration. Il s’agit d’une séquence en deux étapes qui produit d’abord, puis élimine les sucres, qui sont, en fin de compte, ce qui en fait un foin savoureux, nutritif et goûteux.
C’est aussi une séquence dont l’équilibre est changeant tout au long de la journée. Le soir, lorsque le soleil se couche, la respiration continue, mais la photosynthèse s'arrête. Ce qui signifie que la nuit, les sucres sont consommés sans être remplacés. C’est donc en fin d’après-midi, après une journée ensoleillée, que la teneur en sucre d’une plante est à son apogée.
Contrairement aux fibres, ces glucides simples sont entièrement digestibles. Bien entendu, cela rend le fourrage plus commercialisable. Dans les récoltes de l'après-midi, il y a une différence d'un ou deux points de TDN - nutriments digestibles totaux -, ou de cinq à huit points de valeur relative des aliments. Cependant, le maintien de cet avantage dépend aussi de ce qui se passe après l'andainage. Il peut être perdu si le foin met trop de temps à sécher et à se stabiliser.
Problème d'humidité
Les études démontrent également que dans des environnements plus humides, il n’y a pas de différences significatives en fonction de l'heure à laquelle le foin a été coupé.
En effet, après la coupe d'une plante, la photosynthèse s'arrête, mais la respiration continue tant que les cellules restent assez intactes - jusqu'à ce que, en d'autres termes, le foin soit sec. La teneur en humidité doit chuter à environ 60 % avant que la respiration cesse. Ainsi, plus le processus de séchage prend du temps, plus la qualité du foin diminue.
Dans les climats humides, le foin coupé plus tard dans la journée ne sèche souvent pas suffisamment avant la tombée de la nuit. Il faut donc passer par un autre cycle nocturne, alors que la respiration continue, notant que cela peut réduire les gains de sucre accumulés tout au long de la journée. C’est probablement ce qui compense l’effet des coupes plus tard dans l’après-midi. Dans de nombreux environnements, la coupe du matin peut garantir que le foin a plus d'heures d'ensoleillement et sèche donc plus rapidement, ce qui en fait l'heure préférée de la journée.
Parfois, la coupe de l'après-midi peut être payante pour certains agriculteurs. À la fin de l'été, il est possible que l'herbe sèche rapidement. À l’opposé, si le fourrage est récolté sous forme de galette verte pour nourrir directement les animaux sans assèchement, les glucides peuvent rester.
La météo joue également un rôle important : éviter les dommages causés par la pluie est un facteur de gestion primordial. Mais le résultat est clair : le foin doit sécher le plus rapidement possible.